Ce que les Congolais attendent de Joseph KABILA ce mercredi 8 Decembre 2010

Publié le par benbenji.over-blog.com

06/12/2010 15:01:00 KongoTimes!


Joseph KABILA – President de la RDC

Ce n’est que partie remise. La session du Congrès réunissant les deux chambres du Parlement, prévue initialement pour ce lundi 6 décembre 2010, a été renvoyée au mercredi 8 décembre 2010 avec un seul point à l’ordre du jour, à savoir l’audition du dicsours du Président de la République sur l’état de la Nation. Ce sera donc la quatrième fois, depuis 2006, que Joseph Kabila aura à s’adresser aux Congolais par ce canal constitutionnel pour faire une évaluation de la marche de la nation depuis son dernier message du 5 décembre 2009 et faire des projections pour l’année 2011 qui va être la toute dernière du mandat, du moins selon les dispositions constitutionnelles. Comme de coutume, l’exercice, pour le Chef de l’Etat, consiste à évaluer la situation du pays, secteur par secteur, de la sécurité au social en passant par l’économie, la justice, la diplomatie, le fonctionnement des institutions et les différentes réformes en cours dans divers secteurs, le tout, bien entendu, sous l’angle de l’exécution des cinq chantiers qui sont, en fait, son programme de Gouvernement.

L’année dernière, dans le même exercice, Joseph Kabila avait apprécié, à leur juste valeur les évolutions quant à la situation sécuritaire, notamment à l’Est du pays après les opérations de traque des FDLR et de la LRA, le démantèlement du CNDP en tant que mouvement politico-militaire, etc. Il avait aussi évoqué les multiples réformes, notamment au niveau de la justice, avec la perspective qui s’ouvrait alors pour le recrutement de nouveaux magistrats afin de pallier la carence observée sur terrain.

Outre l’évaluation des cinq chantiers, le Président de la République s’était appesanti sur la situation économique et financière. C’était au temps fort des négociations pour l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Joseph Kabila avait eu des propos plutôt fermes au regard d’une certaine lourdeur qui s’observait dans la réalisation des réformes qui s’imposaient pour l’assainissement du climat des affaires. D’où, cette phrase marquante où il indiquait qu’il n’est plus question d’aller de séminaire en séminaire et des conseils d’experts en conseils d’experts, cela avant de tracer un programme d’actions qui devaient être menées selon un chronogramme qu’il avait également fixé.

Ce discours, on se souvient également, avait reboosté l’activisme des institutions nationales, notamment le Parlement qui s’imposa alors une session extraordinaire pour voter des lois urgentes de ce moment.

QUELLE EVALUATION POUR 2010 ?

Depuis le 5 décembre 2009, la République Démocratique du Congo vient de boucler douze mois plein de vie dans ses différents domaines. Bien des choses se sont produites, et on s’attend à ce que le Chef de l’Etat en fasse, le 8 décembre prochain, une évaluation devant la Nation. Il aura, certainement, à évoquer les actions de consolidation de la paix et la sécurité sur terrain. Il s’agira, cette fois, certainement d’aborder cet angle de consolidation, d’autant plus, d’ailleurs, que la mission onusienne qui, autrefois, se consacrait à l’instauration de la paix, est passée sous mandat de stabilisation du Congo, d’où son appellation de Monusco. Joseph Kabila ne manquera pas, non plus, de faire l’évaluation de sa décision ordonnant la suspension de toutes les activités d’exploitation minière dans les Kivu, activités qui avaient un lien direct avec la perpétuation de l’insécurité dans certaines régions de ces provinces.
Au plan politique, en général, Joseph Kabila est attendu pour faire l’évaluation du programme du cinquantenaire de l’indépendance de la RDC célébré avec faste le 30 juin 2010. Il s’agira d’apprécier le niveau d’évolution de l’état d’esprit général quant aux nouveaux défis qui s’imposent à la Nation en cette période de marche, désormais, vers son centenaire, même si les Congolais ont observé comme un arrêt total des activités qui devaient accompagner le pays jusqu’en ce mois de décembre.

UNE JUSTICE TOUJOURS BOITEUSE

Le volet justice marquera aussi l’attention et l’intérêt des Congolais après le programme de recrutement de nouveaux magistrats pour renforcer les effectifs. Vu sous l’angle des réformes pour l’administration d’une justice juste et la lutte contre l’impunitéà travers l’opération « tolérance zéro », les Congolais voudront bien entendre du Chef de l’Etat, non pas seulement l’évaluation des efforts qui auraient été fournis depuis décembre 2009. Non sans raison, puisque, outre la traque des malfrats connus sous l’appellation de « Kuluna », les Congolais n’ont pas vu venir grand’ chose, tandis que certaines interpellations opérées par la justice ne semblent avoir été qu’un feu de paille. Des personnes concernées ont vite recouvré leur liberté. Pire, les actions subséquentes à leur encontre, nouvelles interpellations, audits ou contrôle de gestion, etc., se lisent désormais comme des acharnements, alors qu’en même temps, le pays ne s’est toujours pas mieux porté face à la pérennisation de la corruption à tous les échelons.
Par ailleurs, l’opération de recrutement de nouveaux magistrats a connu des perturbations au moment de leur entrée en fonction. Si certains ont eu du mal à gagner leurs postes d’affectation, d’autres sont entrés au contact choquant des réalités de nos cours et tribunaux où aucune infrastructure n’a été aménagée pour les accueillir. Seuls les anciens magistrats leur ont offert leur hospitalité de promiscuité : pas de chaise ni de table de travail, moins encore de fourniture de bureau. Chacun devait donc prendre le rythme et s’obliger d’acheter soi-même ses papiers, etc., bref un environnement tout indiqué pour décourager ces nouvelles recrues qui n’auraient, alors, que l’alternative des tristes réalités de nos cours et tribunaux pour exercer…

ECONOMIE ET FINANCES : DES EVOLUTIONS NOTABLES, MAIS SANS IMPACT SOCIAL

La situation économique et financière, qui comptera parmi les points à exploiter par Joseph Kabila, sera certainement la plus appréciable pour l’année qui touche à sa fin. Joseph Kabila aura certainement à apprécier à leur juste valeur les grandes réalisations du Gouvernement quant à la stabilisation du cadre macroéconomique et des efforts quant à la compression des dépenses publiques à travers une gestion rigoureuse sur base caisse. C’est cet ensemble d’efforts, en plus des efforts encore en cours pour l’assainissement du climat des affaires, qui a concouru à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE qui a vu s’effacer plus de 90% de la dette extérieure, avant le doublé du Club de Paris qui a aussi apuré la dette de la RDC, avant de mettre le cap sur le club de Londres.

Si l’on sait que les économies réalisées avec ces annulations de dette vont être versées dans le panier du social (eau, éducation, environnement, etc.), les Congolais attendront du Chef de l’Etat des éclairages quant à la stagnation du traitement des agents et fonctionnaires dont les salaires n’ont toujours pas connu d’évolution notable. Alors, par ailleurs, que le budget de l’Etat ne cesse de grossir en chiffre, de pans entiers des services publics accusent des arriérés de salaires dont personne ne semble se préoccuper d’apporter quelqu’explication.

Les Congolais se rappellent, en effet, que c’est Joseph Kabila qui avait décrété 2010 année du social. Mais, ils n’ont encore rien ressenti. Ceci d’autant plus que si, le Chef de l’Etat avait fait cette profession de foi, rien, ou presque, ne s’est produit en terme de programme pour faire effectivement de cette année une année du social. Par contre, 2010 semble s’être caractérisée par de gros efforts sur le front financier et économique.

En cette période où la population s’apprête pour les festivités de fin d’année, ils sont de plus en plus confrontés à la réalité des marchés où les prix flambent déjà. C’est, d’ailleurs, tout au long de cette année que la population vit à ce rythme malgré des mesures arrêtées par le ministère de l’Economie qui, malheureusement, s’avèrent soit inopérantes soit inadéquates. On se souvient, par exemple, de ces mesures arrêtées pour contrôler les prix et ainsi permettre aux Congolais de célébrer aisément le cinquantenaire de l’indépendance de la RDC. Cependant, les rabattements des prix des produits de première nécessité arrêtés sur instigation du ministère de l’économie auront été insignifiants, tandis que les mesures n’ont presque jamais été suivies par les opérateurs économiques. Aujourd’hui encore, les Congolais observent une surchauffe sur le marché des produits de première nécesité sans que le ministère ne réagisse, et préfère ouvrir un front contre la FEC en imposant des pénalités de plus value à certaines sociétés.

En attendant, il faut reconnaître que le comportement du Gouvernement a eu également un effet positif sur l’image de la RDC à l’international où le pays a aussi récolté une série de succès, notamment devant la justice internationale dans des dossiers pour le moins délicats. C’est le cas du dossier de First Quantum qui a esté en justice contre la RDC à la Cour d’arbitrage de Paris où ses prétentions ont été stoppées net. C’est aussi le cas de Tullow Oil qui vient d’être débouté à la haute cour des Iles Vierges Britanniques sur sa propre plainte contre l’association Caprikat – Foxwhelp dans le dossier des deux blocs pétroliers du Graben Albertine en Ituri. C’est, enfin, le cas de ce procès intenté devant la Cour Internationale de Justice contre la RDC par un sujet guinéen suite à sa détention et son expulsion voici quelques années.

CINQ CHANTIERS TOUJOURS EN MARCHE, MAIS…
Enfin, sur le volet de l’exécution des cinq chantiers de la République, Joseph Kabila sera particulièrement à l’aise, d’autant plus qu’il vient d’effectuer une tournée interprovinciale pour en faire une évaluation en vue d’éventuels ajustements, cela après avoir écouté la population, à travers ses notables, à l’occasion de sa tournée. Bien des réalisations ont été enregistrées à travers le pays, particulièrement sur le volet des infrastructures. Les Congolais sont, en effet, témoins des transformations qui s’opèrent en milieux urbains comme à Kinshasa, mais aussi des efforts de construction ou de reconstruction des routes et des ponts. Le Chef de l’Etat en a fait la démonstration en roulant, seul au volant, de Goma à Kisangani et de Mbuji Mayi à Kinshasa.

Les Congolais n’ont, cependant, pas manqué de faire remarquer les difficultés sur certains axes provinciaux et locaux qui enclavent encore bien des contrées et perpétuent la problématique d’évacuation des produits agricoles vers les centres de consommation. Kabila l’a personnellement expérimenté très récemment lorsqu’il s’est trouvé dans l’impossibilité d’atteindre Kabinda centre au départ de Mbuji-Mayi, dans le Kasaï Oriental.

Au centre du pays, la problématique de l’énergie continue de se poser avec acuité à cause du retard dans le lancement des travaux de construction du barrage de Katende. Depuis 2006, Joseph Kabila s’est rendu sur terrain au moins 3 fois. Aujourd’hui, un accord de financement a été passé avec des Indiens, et l’on espère que les travaux vont démarrer dans les meilleurs délais.

Par ailleurs, les Congolais sont vivement préoccupés par la problématique des érosions qui attaquent continuellement leurs cadres de vie et détruisent les espaces arables. Chaque saison de pluie en apporte aux pleurs de ces citoyens qui, d’un jour à l’autre, se retrouvent sans abri, tandis que des infrastructures scolaires et hospitalières, et autres sociales, sont constamment englouties par ces érosions qui prospèrent allègrement sous le regard impuissant des populations.

Elections 2011 : Un arbitrage s’impose
Autre volet, sur lequel Kabila est attendu, le processus électoral pour les scrutins de 2011 semble marquer les pas au niveau de la désignation des membres du Bureau de la CENI qui restera à composer. Cela malgré le fait que la classe politique se montre de plus en plus hostile à l’exécution des opérations électorales par la CEI dont une frange de cette classe politique a déjà rejeté le calendrier. Même si on observe un semblant de relance du déploiement des kits de révision du fichier électoral, la machine n’a pas encore pris sa vitesse de croisière, d’autant plus que les fonds attendus tombent à compte-goutte.

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